17 décembre 2012

Mme MICHU se financera à taux fixe en 2013

En Décembre 2012, les préoccupations fondamentales de Madame MICHU sont de mettre sa petite famille au chaud, et de penser aux cadeaux de Noël. Ses préoccupations constantes de longs termes, sont plutôt de se demander si elle aura la chance un jour de devenir propriétaire, car les loyers de son logement ne sont pas significativement inférieures à ceux d’un crédit pour ce même logement, et, se dit-elle, « Qu’elle dommage de ne pas investir cet argent, plutôt que de le jeter par les fenêtres ».
Dans la mensualité de son crédit, une part d’intérêt vient s’additionner à la part de capital remboursé. On appelle cela l’amortissement du capital emprunté. Madame MICHU à très bien pigé cette chose-là.

Le contexte
  • Mme MICHU entend parler de la crise depuis 2008, et des faillites successives.
  • Le 20theure lui dit que la courbe du chômage croît, et elle se dit que c’est normal puisqu’il y a des faillites.
  • Elle pense avec raison qu’elle a une chance sur 5 de finir au chômage et que son mari aussi.
  • Mam MICHU ignore la loi des exponentielles. C’est trop technique, ça ne l’intéresse pas.
  • Elle pense que les jeux c’est bien seulement si elle gagne.
  • Et Elle ne fait pas le rapport, entre gagner aux casinos et financer son logement. Elle préfère faire confiance à son banquier, Si si, car contrairement aux croupiers, les banquiers ont un devoir de conseil.
Que se passe-t-il si maintenant son banquier lui dit :
  • "Je vous propose une mensualité de crédit plus faible, mais plus long !!"
  • "Je vous propose une mensualité de crédit plus faible, mais ça peut changer dans le temps, et vous devrez quand même contractuellement payer."
  • "Je vous propose une mensualité de crédit plus faible, mais ça peut changer dans le temps, dans des limites précisées, à la hausse comme à la baisse. On appelle cela un taux ajustable capet, lui aussi contractuel."

Le raisonnement de Madame MICHU
  • Si le taux est fixe, c’est facile, je paie mes 1000 € de mensualité pendant 20 ans et basta. En plus, mon salaire grimpera un peu et celui de mon mari aussi, après sa période de chômage. Donc avec la patience, la charge sera moindre. Et puis avec mon bas de laine, je pourrais toujours faire des remboursements anticipés.
  • Si le taux change, uhm uhm, Pourquoi  ? Comment ?? Je peux gagner ou perdre, en fonction de la météo, de l'age d’un capitaine que je ne connais même pas, diviser par celui de la reine d’Angleterre, que j’ai vu au 20theure, le tout, à la puissance pi ??? ça fait peur car je ne pige pas le rapport entre ma maison, le mot EURIBOR 3M, et les mots gagner ou perdre...
  • Mon banquier doit me permettre de financer ma vie en toute sécurité, pas de la jouer au casino. Je lui paye un intérêt pour cela.
Le 17 décembre 2012, Madame MICHU, consulte 50 personnes de son entourage, et 42 lui confirment que les pratiques de son père et son grand père en matière de financement à taux fixes, tiennent encore la route. 3 lui disent qu'elle devrait prendre le temps de regarder un mode de financement à taux révisable. Et bien à tort ou à raison, croyez-le ou non, il est fort possible que Madame MICHU emprunte en 2013, à taux fixe, et cela était en plus prévisible. Fallait juste demander à son père et son grand père...

Et pourtant, le taux capet est une bonne solution financière, pour une répartition équitable des risques, car si les taux montent, Mme MICHU paiera relativement plus, jusqu'à un certain seuil, au delà duquel c'est le banquier qui prendra la relève. Si les taux baissent, Mam MICHU en profitera immédiatement, jusqu'à un seuil, au delà duquel, le banquier encaissera relativement plus. En plus il est tout à fait possible de s'assurer à la hausse à l'aide de produit d'assurance, tel que des swap de taux. C'est dire le besoin de sécurité qu'ont nos congénères, face à l’incertain, et c'est dire le risque que d'autres sont près à prendre pour devenir relativement plus riche... ou plus pauvre. C'est un jeu, dont la probabilité de gagner est plus prédictible qu'au casino, mais ou la probabilité de perdre, plonge le monde entier, dans la misère, entrainant dans son sillon des pauvres bougres qui n'ont rien demandé, et jamais joué.

Dans le cas présent, les taux sont tellement bas, que l'arbitrage entre taux fixe/taux variable ne se pose pas. Seul le taux fixe séduit.
Ce que l'on peut dire, c'est que même avec des taux plus élevés, Mme MICHU aurait choisi majoritairement un taux fixe, comme son père et son grand père l'avaient fait, avant elle, car son taux d'intérêt psychologique pour le "certain" est élevé. C'est aussi une particularité tout à fait "French".

Dans les théories économiques de nos pères du vieux continents, d'Adam Smith à Keynes en passant par Ricardo, le bon sens populaire : "Un tiens vaux mieux que 2 tu l'auras" ne s'est jamais démenti. Cet adage est à l'origine des Sciences économiques puisqu'il parle d'inflation, de monnaie, de ce qui est sur, et de ce qui ne l'est pas. Et bien madame MICHU attend de son banquier qu'il lui apporte un seul service : celui de transformer l'incertain en "certain" pour financer ce qui est important pour elle. C'est le métier de son banquier que de savoir transformer un taux EURIBOR variable qui fait peur, en un taux fixe garanti, qui lui, "rassure".

Je me plais à penser que si Mme MICHU n'a, pour l'instant, entendu parler de la crise qu'au 20theure, c'est parce que le bon sens "French" dont elle a hérité a aussi permis d'encaisser, retarder, amortir, la loterie des produits financiers toxiques, à l'origine d'une crise qui n'a pas encore fini de faire parler d'elle ; et ce n'est ni le capitaine, ni la reine d’Angleterre qui nous en sortira, et encore moins la météo.

15 décembre 2012

Mais qui est donc cette madame MICHU ?

Madame MICHU est un personnage imaginaire, représentative du bon sens français.
Elle est très utile pour notre économie, car elle remplace un peu Madame Soleil, non pas au bingo, mais dans les comportements de consommations macro-économiques, même irrationnels ; quand vous lui posait une question, elle répond en moyenne avec la réponse qui prédit correctement. Les statisticiens diraient que ses réponses sont convergentes et efficaces.
Il n'est pas interdit de penser que les femmes ont très souvent, plus de bon sens que n'importe quels autres de leurs congénères. C'est le cas de Madame MICHU...

Je vous souhaite de la rencontrer, mais vous n'avez pas besoin de moi pour le faire, même si LinkedIn en regorge. Beaucoup de madames MICHU ne sont pas "branchées", d'ailleurs, être branché ne signifie pas être intelligent. Le top du top, sont les Madames MICHU qui en plus (ou en dépit) de leur niveau d'étude élevé, continuent d'avoir du bon sens :-)
Malgré tout le bien que je penses de Madame MICHU, elle ne fait pas l'unanimité, et est parfois méprisée par elle même. Ne vous avisez pas, de confondre votre collègue féminine, avec Madame MICHU, même si cela part d'un bon sentiment, elle pourrait mal le prendre. ;-)


Les sémantiques du web diffèrent un peu de ma définition...
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